
Aujourd’hui, je reçois Julie MLEZCZKO, directrice déléguée de la direction Studyrama
🧭 1. Votre parcours en quelques mots : qu’est-ce qui vous a menée à la direction de la rédaction du Groupe Studyrama ?
En Terminale, je voulais devenir journaliste, mais je savais que je n’avais pas le niveau pour intégrer une filière reconnue. J’ai donc choisi de commencer par un DEUG de Sociologie (actuelle Licence 2), avant de tenter le concours de l’ISCPA.
Je l’ai réussi, ce qui m’a permis d’intégrer directement la 2e année.
J’ai effectué plusieurs stages, puis j’ai commencé à faire des piges pour Transfac, un magazine étudiant gratuit. À force d’écrire régulièrement, j’ai fini par être rémunérée, même avant la fin de mes études. Après plusieurs piges pour différents médias — dont Studyrama — on m’a proposé un poste.
Je suis entrée chez Studyrama il y a plus de 20 ans. Le fait de “grimper les échelons” s’est fait naturellement, au fur et à mesure, grâce au temps passé et au travail fourni.
Aujourd’hui, j’écris moins qu’avant, mais je manage davantage — et mon travail me plaît toujours autant.
🎯 2. La mission de Studyrama : comment résumeriez-vous votre rôle et celui de vos équipes dans l’accompagnement des jeunes et des adultes en reconversion ?
Notre objectif est simple : mettre à disposition des jeunes et de leurs familles toutes les informations utiles pour réussir leur orientation, leur réorientation ou leur reconversion.
Le paysage de l’enseignement supérieur est vaste, complexe, parfois nébuleux. Nous essayons d’être “un phare dans la nuit”, quelque part. 🙂
Mon équipe et moi faisons en sorte que les informations soient complètes, vérifiées et accessibles. Le site est très fourni, et nous organisons également des salons d’orientation partout en France, à Paris comme en régions.
🔄 3. Évolution du rapport à l’orientation : qu’est-ce qui, selon vous, a le plus changé ces dernières années ?
Depuis une dizaine d’années, on observe une forte évolution : réforme du Bac, spécialités, BUT, filières d’enseignement, réforme de médecine… Tout cela a rendu la compréhension du système beaucoup plus difficile. On voit aussi une augmentation du stress et de l’angoisse chez les parents et chez les lycéens.
Les parents sont plus présents sur les salons et lors des conférences, car ils cherchent à tout comprendre pour mieux accompagner leurs enfants. Avec l’inflation et la crise financière, les études sont devenues un investissement, et ils veulent être sûrs que ce choix se révèle judicieux.
Cela crée une pression supplémentaire.
Ils sont beaucoup plus attentifs à tout ceci, contrairement aux lycéens qui eux, en majorité, semblent avancer sans parfois trop se poser de questions.
🔥 4. Vos conseils : quel message aimeriez-vous transmettre à ceux qui hésitent à changer de cap ?
Quel que soit l’âge, changer de cap peut être bénéfique. Si l’on se sent en échec ou à la mauvaise place, il ne faut pas rester par culpabilité ou par crainte.
Elle explique que, dans certains secteurs, on peut rester longtemps dans le même poste sans pouvoir évoluer, simplement parce que les conditions ne le permettent pas.
⚠️ Et surtout : le gouvernement compte sur nous pour travailler longtemps avant la retraite.
Cela donne parfois l’impression qu’il faut “tenir bon” même si l’on n’est plus épanoui.
👉 Mon message est clair :
Mieux vaut prendre une année pour digérer l’échec et retrouver une voie qui nous correspond,
plutôt que de s’entêter dans un parcours qui ne nous convient pas.
Changer de cap n’est PAS un échec — rebondir sera toujours meilleur.
💫 5. Une rencontre ou un moment marquant dans votre parcours ?
Pas un moment vraiment.
C’est venu crescendo : plus j’animais de conférences pendant lesquelles les parents et jeunes me remerciaient pour mes conseils et informations, plus je me sentais utile.
Je le savais déjà, mais quand les gens vous remercient et qu’il semble que vous les avez vraiment aidés, c’est plaisant et cela donne encore plus envie de continuer dans cette voie. Se sentir utile, c’est toujours enrichissant.
Ensuite j’ai fait pas mal d’interviews en radio ou à la télé pour mon expertise autour d’APB devenu Parcoursup. Là aussi, qu’on m’invite pour donner mon avis et entendre mes conseils, cela m’a donné raison : j’ai trouvé ma voie et j’y suis bien !
🤔 6. Quelles sont, selon vous, les erreurs les plus fréquentes que font les jeunes lorsqu’ils cherchent leur voie ?
Les erreurs les plus fréquentes sont souvent liées à la précipitation : à faire ses vœux dans l’urgence sans réflexion et préparation, on a tendance à soit choisir quelque chose dont on a entendu parler et qui semble « prestigieux » (droit, psycho, prépa…), ou alors à suivre un copain/une copine/un chéri/une chérie en se disant que le plus important c’est d’être ensemble. On ne choisit pas une formation parce qu’on a vu de la lumière : cela se prépare en amont !
👨👩👦 7. Et du côté des parents : y a-t-il une erreur récurrente ou une croyance tenace qui complique l’orientation ?
L’erreur des parents pourrait être de vouloir pousser leur enfant à faire des choix qui ne correspondrait pas à ses envies, mais plus aux leurs. C’est un réflexe humain normal : nous parents, pensons mieux savoir ce qui conviendrait à notre enfant. C’est parfois vrai, mais le mieux est d’échanger à ce sujet avec son enfant afin que ses choix soient éclairés et voulus.
🧭8. Comment imaginez-vous l’évolution de l’orientation dans les 10 prochaines années (IA, nouveaux métiers, nouvelles attentes) ?
Entre la réforme du Bac qui a déjà fait en sorte que des profils très diversifiés (selon les spécialités) arrivent en 1re année, je pense que ce sont les formations qui vont devoir s’adapter à ce public diversifié. Un public qui aussi ne sait plus trop ce qu’il souhaite « faire plus tard » car leur optimiste pour leur future vie sera entaché si on continue dans cette ambiance morose actuelle.
De son côté l’IA pourra peut-être aider à l’orientation, ou l’éducation à l’orientation, en tous cas, je l’espère.
🗺️ 9. Trouvez-vous que la pression autour de l’orientation est plus forte aujourd’hui qu’il y a quelques années ? Si oui, pourquoi ?
Oui, la pression autour de l’orientation est plus forte depuis une dizaine d’années, et notamment depuis la réforme du Bac de 2017. Ce qui semblait inscrit dans le marbre a secoué notamment le parents qui, parce qu’ils ne comprenaient pas la nouveauté, se sont intéressés à l’orientation de leurs enfants plus en profondeur. Ils sont plus présents et veulent comprendre le système pour aiguiller leurs enfants.
Les lycéens eux, se posent moins de questions j’ai l’impression, justement parce que leurs parents ont pris le relais du stress sur cette partie !
Aujourd’hui, inflation et crise financière obligent, les études d’un enfant sont considérées comme un investissement pour son avenir, et les parents ne peuvent pas et ne veulent pas le rater. C’est ma conception en tous cas.
⚒️ 10. Même si vous n’êtes pas sur Studyrama Pro : observez-vous certaines tendances de reconversion qui vous marquent (profils, motivations, âges) ?
J’en observe dans mon entourage. Des personnes entre 45 et 50 ans qui souhaitent un travail plus serein, pas avec moins de travail, mais avec moins de stress en tous cas. Et qui cherchent un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.
La reconversion visée n’est pas toujours en liaison avec son précédent travail ou ce que l’on a fait toute sa vie : les envies sont plus larges et les gens n’hésitent pas à tenter totalement autre chose du moment que l’équilibre recherché est là.
📺 11. Selon vous, qu’est-ce qu’un média peut apporter concernant l’orientation, que l’école ne fait pas ou ne peut pas faire ?
Nous apportons des détails informatifs complémentaires, des informations qui ne sont pas assez connues ou évoquées, et qui permettent d’en savoir plus sur les formations ou une procédure telle que Parcoursup.
Et l’autre pendant, ce sont les témoignages : ça, ni le lycée ni l’IA ne peut fournir de vrais témoignages (conseils, points positifs, points négatifs d’une formation), montrer des parcours d’études et d’orientation parfois originaux, et qui permettent à des jeunes de s’identifier.
🧒🏽12. Avez-vous une anecdote marquante d’un jeune ou d’un parent que votre travail a particulièrement aidé ?
En 20 ans de salons d’orientation, j’ai dû en avoir, mais je les oublie trop vite.
Non, ce dont je me rends compte et qui me touche toujours, ce sont les réactions de l’audience dans les salles de conférence que j’anime : des applaudissements, des gens qui viennent vous voir juste pour vous dire « merci, c’était très intéressant, très clair, j’ai tout compris, nous avions peur mais en fait vous nous avez rassuré… ». Voilà, c’est que le job est fait quand j’entends cela et j’en suis toujours fière !
✍️ 13. Quand vous recrutez un journaliste pour Studyrama, qu’attendez-vous principalement en termes de ton, style ou qualités ?
Studyrama n’est pas un média politisé. Nous avons donc une ligne éditoriale simple : informer, rapporter les faits tels qu’il se sont passés, sans prendre parti. Nous essayons donc d’être le plus exhaustifs possible quand nous citons les différentes types de formation pour un secteur par exemple (le privé mais aussi et toujours le public, etc…).
Il faut toujours se mettre à la place des lecteurs et voir si nos articles répondent à toutes les interrogations « bateau » que l’on peut avoir sur le sujet. C’est ce que j’attends d’une personne qui travaille à mes côtés.
👩🎓14. Quelle est, d’après vous, la notion la plus mal comprise sur Parcoursup ?
Il y a toujours cette croyance qui traîne et qui affirme que c’est Parcoursup qui sélectionnes les dossiers. NON : ce sont les jurys d’établissement qui sélectionnes vos dossiers.
Parcoursup n’est qu’une boîte aux lettres entre les candidats et les jurys !
👩🎓15. Enfin, si vous aviez un « anti-stress Parcoursup » simple à donner à un lycéen perdu, ce serait lequel ?
Ce serait super, mais je n’en ai pas. Juste rappeler que Parcoursup paraît compliqué quand on ne sait pas du tout ce que l’on veut faire. Si on s’est déjà posé cette question et qu’on a un peu débroussaillé les études supérieures, tout sera plus simple, soyez-en sûrs !
